Les jésuites du Canada et du Mexique se portent à la défense d'un centre de protection des droits humains à Mexico auquel Développement et Paix (D&P), l'organisme officiel de l'Église canadienne, a coupé les fonds. Leurs supérieurs provinciaux se déclarent aussi solidaires du jésuite Luis Arriaga, fondateur du centre, que l'archevêque d'Ottawa, Mgr Terrence Prendergast, avait interdit dans son diocèse, en avril dernier, lors de la campagne «Carême de partage».
Dans un communiqué diffusé le 25 mai, les supérieurs du Canada français, Jean-Marc Biron, du Canada anglais, Jim Webb, et du Mexique, Carlos Morfin Otero, appuient «l'intégrité du travail» du Centre Miguel Pro pour les droits humains de Mexico (PRODH) et de son directeur, «un engagement porteur de l'enseignement social de l'Église catholique». Ils prennent ainsi leurs distances de groupes qui accusent ce centre de contribuer à la «promotion de l'avortement au Mexique».
Le centre PRODH représente devant les tribunaux des victimes d'abus de pouvoir, de répression et d'injustice. D&P reconnaît que cette mission n'est en rien liée à l'avortement ou même à la contraception. Mais des évêques mexicains avaient soulevé des questions à ce sujet. Et c'est en considération de ces préoccupations au sein de «l'Église du Mexique» que l'archevêque d'Ottawa puis D&P prétendent avoir mis fin à un partenariat datant de 1995.
Les supérieurs jésuites rappellent qu'une commission d'enquête des évêques du Canada avait conclu, en 2009, que le centre en question n'avait pas participé à la promotion de l'avortement. Mais, depuis, l'un des signataires du rapport, Martin Currie, archevêque de St. John's (Terre-Neuve), a été cité par LifeSiteNews disant que D&P a participé à sa rédaction. L'autre signataire, François Lapierre, évêque de Saint-Hyacinthe, nie catégoriquement une telle collusion.
Vu la violence généralisée au Mexique, le travail du père Arriaga et des membres de PRODH représente, estiment les supérieurs jésuites, «un engagement constant pour le droit à la vie» de toutes les personnes du pays. «La vie de ces défenseurs des droits humains est elle-même souvent menacée, déclarent-ils, et c'est la solidarité internationale que nous leur témoignons qui leur permet de poursuivre leur engagement indispensable.»
«Plus largement, le témoignage chrétien pour la promotion de la justice et la promotion des droits de la personne qui lui est lié s'exerce aux frontières, dans des contextes difficiles où les partisans du statu quo mettent tout en oeuvre pour bloquer l'avancement des valeurs évangéliques fondamentales. Dans ces circonstances, les personnes qui s'engagent sur ce terrain, comme le font le P. Luis Arriaga et son équipe, méritent notre appui.»
Réactions
Toutefois, la crise à D&P ne tient pas simplement à un malentendu entre ecclésiastiques ou même à un différend sur l'avortement. En donnant récemment aux évêques du Mexique et d'ailleurs un droit de veto sur les partenaires de D&P et donc sur les réseaux de solidarité sociale avec lesquels ils agissent, la Conférence des évêques catholiques du Canada met en tutelle une des rares organisations laïques de l'Église catholique.
Des membres de D&P ont réagi fortement contre ces décisions, prises à leur insu. Plusieurs s'insurgent contre la haute direction de l'organisation, qui a cédé à ces pressions et tente, depuis, de confiner le débat à l'«interne». Des membres du Québec et du Nouveau-Brunswick, réunis en assemblée régionale, ont réclamé le rétablissement du financement de PRODH. On déplore aussi que la Conférence des évêques ait créé un comité permanent sur l'orientation de D&P sans représentants de cette organisation.
Pour D&P, l'enjeu est fondamental. Cette organisation confessionnelle de solidarité internationale compte quelque 12 000 membres au Canada. Des dizaines de milliers de donateurs lui permettent d'appuyer près de 200 groupes partenaires dans une trentaine de pays. Certains de ces projets ont été suscités par l'Église catholique et jouissent de son appui. Mais d'autres ne pourraient naître ou survivre si leur travail dépendait d'une décision de l'évêque local.
Dénonciations
Là où l'Église est minoritaire, D&P appuie aussi des groupes qui ne sont pas de foi chrétienne. C'est le cas en Indonésie. Et dans les pays où des conflits mettent en cause des communautés de croyances différentes, D&P ne pourrait contribuer ni au développement ni à la paix sans collaborer avec d'autres confessions ou avec des ethnies qui n'appartiennent pas à l'Église locale. Un recul à cet égard risque même, dit-on, de compromettre une part de son partenariat avec l'Agence canadienne de développement international.
Aussi, des associations ont-elles décidé de ne pas se taire. L'Entraide missionnaire dénonce les attaques de groupes «d'idéologie conservatrice» et la «complicité de quelques évêques, surtout anglophones». Le Réseau Culture et Foi, dans une lettre au président de la Conférence des évêques, Mgr Pierre Morissette, l'évêque de Saint-Jérôme, s'est dit scandalisé non seulement de l'intervention de Mgr Prendergast, mais surtout du «silence total» de la Conférence sur sa conduite, jugée «irresponsable».
Les évêques ne sont pas tous de cette tendance. Commentant les premières attaques pro-vie contre D&P en 2009, l'archevêque de Winnipeg, James Weisgerber, un ex-président de la Conférence, avait alors cité l'exemple du Vatican, qui contribue chaque année à l'UNICEF, l'agence de l'ONU pour les enfants, malgré son désaccord avec elle sur l'avortement et la contraception.
Mais d'autres vues du Vatican sont plus inquiétantes pour les organismes catholiques d'aide aux populations opprimées. Et aussi pour la responsabilité des laïcs dans l'Église catholique.
***
redaction@ledevoir.com
***
Jean-Claude Leclerc enseigne le journalisme à l'Université de Montréal.
Monday, 30 May 2011
Saturday, 28 May 2011
Friday, 27 May 2011
Les jésuites du Canada et du Mexiques’expriment sur le Centre Miguel Pro pour les droits humains (PRODH)
Le 25 mai 2011
Les jésuites du Canada et du Mexique
s’expriment sur le Centre Miguel Pro pour les droits humains (PRODH)
et sur son directeur, le P. Luis Arriaga
COMMUNIQUÉ
Sensibles aux requêtes qui leur ont été faites par nombre de personnes et de groupes, les supérieurs provinciaux des jésuites du Canada français, du Canada anglais et du Mexique émettent ce communiqué pour appuyer l’intégrité du travail du Centre Miguel Pro pour les droits humains de Mexico et de son directeur, le P. Luis Arriaga, un engagement porteur de
l’enseignement social de l’Église catholique.
Le P. Luis Arriaga, directeur du Centre Miguel Pro pour les droits humains (PRODH),de Mexico, avait été invité par les responsables de Développement et Paix, pour témoigner en avril dernier de l’engagement du centre qu’il dirige. Un ensemble de circonstances a rendu impossible sa contribution. Plus spécifiquement, des groupes de pression ont accusé le Centre PRODH d’avoir contribué à promouvoir l’avortement au Mexique.
Il y a deux ans pourtant, une commission spéciale de la CECC s’était rendue sur place au Mexique et avait conclu que, si la prudence dans la participation à des coalitions liées à la promotion des droits de la personne était de mise, d’aucune façon le Centre PRODH n’avait participé à la promotion de l’avortement; et aucune faute ne pouvait être attribuée à l’organisme de développement international Développement et Paix qui avait soutenu le centre Dans l’esprit de l’enseignement social de l’Église, et en appui au Centre PRODH et à son directeur, le P. Luis Arriaga, pour soutenir aussi les chrétiens et chrétiennes engagés dans la promotion de la justice sociale et des droits de la personne, les supérieurs provinciaux du Mexique et du Canada tiennent à exprimer publiquement
ce qui suit :
· Comme l’avait affirmé le rapport de la commission spéciale de la CECC en
2009, le Centre Miguel Pro de Mexico n’a pas participé à la promotion de
l’avortement.
· Le P. Luis Arriaga, directeur du Centre PRODH, est un religieux d’excellente
réputation en règle avec l’Église et agissant en conformité avec les missions qui lui sont confiées par ses supérieurs jésuites. On note que son expertise est reconnue dans l’Église du Mexique puisqu’il agit comme conseiller d’une commission épiscopale sur les questions sociales.
· Dans le contexte de violence généralisée de la société mexicaine, le travail dupère Luis Arriaga, ainsi que de l’ensemble des membres du Centre PRODH,est un engagement constant pour le droit à la vie de tous et de toutes. La viede ces défenseurs des droits humains est elle-même souvent menacée et c’est la solidarité internationale que nous leur témoignons qui leur permet de poursuivre leur engagement indispensable.
· Plus largement, le témoignage chrétien pour la promotion de la justice et la promotion des droits de la personne qui lui est lié s’exercent aux frontières,dans des contextes difficiles où les partisans du statu quo mettent tout en oeuvre pour bloquer l’avancement des valeurs évangéliques fondamentales.
Dans ces circonstances, les personnes qui s’engagent sur ce terrain, comme
le font le P. Luis Arriaga et son équipe, méritent notre appui.
Montréal, Toronto et Mexico, le 25 mai 2011.
Jean-Marc Biron, S.J. Jim Webb, S.J. Carlos Morfín Otero, S.J.
Supérieur provincial Supérieur provincial Supérieur provincial
Province du Canada français Province du Canada anglais Province du Mexique
Les jésuites du Canada et du Mexique
s’expriment sur le Centre Miguel Pro pour les droits humains (PRODH)
et sur son directeur, le P. Luis Arriaga
COMMUNIQUÉ
Sensibles aux requêtes qui leur ont été faites par nombre de personnes et de groupes, les supérieurs provinciaux des jésuites du Canada français, du Canada anglais et du Mexique émettent ce communiqué pour appuyer l’intégrité du travail du Centre Miguel Pro pour les droits humains de Mexico et de son directeur, le P. Luis Arriaga, un engagement porteur de
l’enseignement social de l’Église catholique.
Le P. Luis Arriaga, directeur du Centre Miguel Pro pour les droits humains (PRODH),de Mexico, avait été invité par les responsables de Développement et Paix, pour témoigner en avril dernier de l’engagement du centre qu’il dirige. Un ensemble de circonstances a rendu impossible sa contribution. Plus spécifiquement, des groupes de pression ont accusé le Centre PRODH d’avoir contribué à promouvoir l’avortement au Mexique.
Il y a deux ans pourtant, une commission spéciale de la CECC s’était rendue sur place au Mexique et avait conclu que, si la prudence dans la participation à des coalitions liées à la promotion des droits de la personne était de mise, d’aucune façon le Centre PRODH n’avait participé à la promotion de l’avortement; et aucune faute ne pouvait être attribuée à l’organisme de développement international Développement et Paix qui avait soutenu le centre Dans l’esprit de l’enseignement social de l’Église, et en appui au Centre PRODH et à son directeur, le P. Luis Arriaga, pour soutenir aussi les chrétiens et chrétiennes engagés dans la promotion de la justice sociale et des droits de la personne, les supérieurs provinciaux du Mexique et du Canada tiennent à exprimer publiquement
ce qui suit :
· Comme l’avait affirmé le rapport de la commission spéciale de la CECC en
2009, le Centre Miguel Pro de Mexico n’a pas participé à la promotion de
l’avortement.
· Le P. Luis Arriaga, directeur du Centre PRODH, est un religieux d’excellente
réputation en règle avec l’Église et agissant en conformité avec les missions qui lui sont confiées par ses supérieurs jésuites. On note que son expertise est reconnue dans l’Église du Mexique puisqu’il agit comme conseiller d’une commission épiscopale sur les questions sociales.
· Dans le contexte de violence généralisée de la société mexicaine, le travail dupère Luis Arriaga, ainsi que de l’ensemble des membres du Centre PRODH,est un engagement constant pour le droit à la vie de tous et de toutes. La viede ces défenseurs des droits humains est elle-même souvent menacée et c’est la solidarité internationale que nous leur témoignons qui leur permet de poursuivre leur engagement indispensable.
· Plus largement, le témoignage chrétien pour la promotion de la justice et la promotion des droits de la personne qui lui est lié s’exercent aux frontières,dans des contextes difficiles où les partisans du statu quo mettent tout en oeuvre pour bloquer l’avancement des valeurs évangéliques fondamentales.
Dans ces circonstances, les personnes qui s’engagent sur ce terrain, comme
le font le P. Luis Arriaga et son équipe, méritent notre appui.
Montréal, Toronto et Mexico, le 25 mai 2011.
Jean-Marc Biron, S.J. Jim Webb, S.J. Carlos Morfín Otero, S.J.
Supérieur provincial Supérieur provincial Supérieur provincial
Province du Canada français Province du Canada anglais Province du Mexique
Letter of CRC to CCCB Re Development and Peace
Tuesday, April 26, 2011
Monseigneur Pierre Morissette
President of the Canadian Conference of Catholic Bishops
Dear Monseigneur Morissette,
The Canadian Religious Conference has learned about the very uncomfortable, and even unjust, situation facing Development and Peace, which is once again the target of attacks concerning its commitment to the vulnerable peoples of Latin America.
We are sorry to see your organisation for international solidarity being attacked by right-wing conservative ideologies that do not seem to understand the work accomplished by Development and Peace and its partners in Southern countries. And yet, a large number of religious communities, members of the CRC, engaged in these Southern countries, have nothing but praise for Development and Peace, with whom they have been in collaboration since its foundation.
Some of our communities are concerned about these attacks and would like to offer their support to the Catholic Church in Canada's organisation for international solidarity. They strongly hope that the CCCB will renew its unfailing support of Development and Peace.
We are aware that tensions exist among our national organisations. However, we must learn to deal courageously with the various tendencies and preserve the Church's prophetic voice: be the voice of the voiceless, the voice of these vulnerable populations who at times can only count on us to defend their rights and stand against the forces trying to drive them to their knees.
Development and Peace still has the confidence of the majority of Catholics in Canada, of the CRC and, we are certain, of the majority of Catholic Bishops in Canada. As such, please know that you have our support in confirming Development and Peace in its mission, and to let it be known loud and clear.
In solidarity,
Mary Finlayson, RSCJ
President
Monseigneur Pierre Morissette
President of the Canadian Conference of Catholic Bishops
Dear Monseigneur Morissette,
The Canadian Religious Conference has learned about the very uncomfortable, and even unjust, situation facing Development and Peace, which is once again the target of attacks concerning its commitment to the vulnerable peoples of Latin America.
We are sorry to see your organisation for international solidarity being attacked by right-wing conservative ideologies that do not seem to understand the work accomplished by Development and Peace and its partners in Southern countries. And yet, a large number of religious communities, members of the CRC, engaged in these Southern countries, have nothing but praise for Development and Peace, with whom they have been in collaboration since its foundation.
Some of our communities are concerned about these attacks and would like to offer their support to the Catholic Church in Canada's organisation for international solidarity. They strongly hope that the CCCB will renew its unfailing support of Development and Peace.
We are aware that tensions exist among our national organisations. However, we must learn to deal courageously with the various tendencies and preserve the Church's prophetic voice: be the voice of the voiceless, the voice of these vulnerable populations who at times can only count on us to defend their rights and stand against the forces trying to drive them to their knees.
Development and Peace still has the confidence of the majority of Catholics in Canada, of the CRC and, we are certain, of the majority of Catholic Bishops in Canada. As such, please know that you have our support in confirming Development and Peace in its mission, and to let it be known loud and clear.
In solidarity,
Mary Finlayson, RSCJ
President
Votre décision d'interdire la visite du père Arriaga, sj
Gatineau, le vendredi 8 avril 2011
Monseigneur Prendergast
Objet: Votre décision d'interdire la visite du père Arriaga, sj
Pourquoi avons-nous si peur de la justice sociale, peur de nous laisser déranger par tout ce qui compromet et détruit la vie ? Quand nos évêques ont plus peur que nous, où allons-nous? Qui nous aidera à développer notre conscience de ce qui se passe ailleurs dans notre monde? De ce qui arrive à nos frères et soeurs dans le Christ?
Vous comprenez que votre décision d’interdire à la dernière minute les rencontres avec le père Luis Arriaga, s.j., directeur du Centre Prodh à Mexico, partenaire de Développement et Paix, sous la pression de groupes comme “lifesitenews.com” et “Real catholics” m’inquiète et me questionne. En visitant leurs sites, je me sens profondément indignée. Je m’imagine l’effet qu’aurait, dans le journal local, une photo de Jésus en compagnie de la Samaritaine aux cinq maris, de la femme accusée d’adultère ou de la femme pécheresse versant du parfum sur ses pieds. Les sordides déclarations de lifesitenews jouent ce jeu, et le sanhédrin, encore aujourd’hui, baisse les bras. Je ne comprends pas que l’on puisse, comme évêque, s’associer ainsi à des gens qui ont des propos si haineux, si peu nuancés et si contraire à l’Évangile.
Ce sont les cris des plus fragiles, des plus menacés, qu'il faut entendre en ce temps de Carême de partage. Pas les slogans de folie des pharisiens bien-pensant. Surtout que des confrères évêques ont confirmé la valeur de la mission que les Jésuites soutiennent au milieu des plus pauvres du Mexique. Vous avez choisi votre camp. Retirer sa confiance est un geste grave et plein de con-séquences qu’on ne peut faire pour les mauvaises raisons surtout si c’est pour la cause de la vie.
De quoi avez-vous peur? N’êtes vous pas inspiré de la passion pour la vie qui a toujours animé Jésus-Christ, lui qui a donné sa vie pour le salut du monde? Qu’est-ce qui nous fera tenir debout à lecture de la Passion du vendredi saint, si nous ne sommes pas à côté de ceux qui luttent pour la dignité de la vie humaine? Si nous sommes véritablement pro-vie, alors nous sommes engagés à accompagner la vie partout où elle est indignement traitée. Cette vie qu’on tient à mener à terme, il faut être là pour la protéger là où elle est menacée et non pas se laisser leurrer par une campagne de désinformation malveillante qui tente de déplacer les enjeux de notre lutte. Un père prodigue sait, à la face des bien-pensants, prendre la défense de ses enfants en péril. S’opposer férocement à l'avortement ne suffit pas: il faut être prêt à défendre cette vie jusqu’au bout.
Qui ira porter votre message de non-recevoir, une lettre porteuse de mort, au Centre pour la défense des droits humains - le PRODH - au Mexique? Qui ira leur dire que leur lutte pour la vie, finalement, a peu de prix à vos yeux? Ce ne sera pas nous car nous n’avons jamais pris cette décision avec vous et nous ne l’endossons pas. Si vous avez été à l’aise d’écrire cette lettre entre les murs de votre bureau, pouvez-vous l’être en la livrant vous-mêmes, en essayant de « passer au milieu d’eux en faisant le bien ». Avez-vous bien mesuré le prix de cet abandon ? Il fait penser à celui des pères qui abandonnent leurs rejetons dès qu'ils découvrent le poids de leurs obligations à long terme. Protéger la vie de ceux qui vont venir ne suffit pas. Il faut aussi être fidèle à ceux et celles qui sont déjà là.
J’ai honte de cette désaffectation ecclésiale. N’est-ce pas, en quelque sorte, l’avortement d’un projet de vie juste et digne ? Et où se situe vraiment l’avortement, seulement avant la naissance ? Tout parent prodigue sait bien que donner la vie, c’est une alliance pour la vie : c’est-à-dire tout au long de la vie, une fidélité, un engagement à être là quand elle sera injustement traînée dans la boue. Et où commence l’euthanasie ? Dès qu'on laisse les gens dans une telle indigence que le processus de mort est enclenché. Dès qu'on leur enlève la dignité et la possibilité de gagner leur vie. On a confiance de pouvoir donner la vie quand on sait qu’on pourra, avec l’aide de notre entourage, protéger cette vie. Jamais les menaces, les dénonciations ni les condamnations n’auront ce pouvoir.
Oh oui, je suis profondément indignée et je ne veux pas me résigner. Je suis membre de Développement et Paix; je cherche la vérité et pour moi, elle ne peut jamais être du côté de la haine, du mépris et de l’abandon.
Françoise Lagacé J’endosse entièrement
les propos de mon épouse
Gilles Lagacé
Monseigneur Prendergast
Objet: Votre décision d'interdire la visite du père Arriaga, sj
Pourquoi avons-nous si peur de la justice sociale, peur de nous laisser déranger par tout ce qui compromet et détruit la vie ? Quand nos évêques ont plus peur que nous, où allons-nous? Qui nous aidera à développer notre conscience de ce qui se passe ailleurs dans notre monde? De ce qui arrive à nos frères et soeurs dans le Christ?
Vous comprenez que votre décision d’interdire à la dernière minute les rencontres avec le père Luis Arriaga, s.j., directeur du Centre Prodh à Mexico, partenaire de Développement et Paix, sous la pression de groupes comme “lifesitenews.com” et “Real catholics” m’inquiète et me questionne. En visitant leurs sites, je me sens profondément indignée. Je m’imagine l’effet qu’aurait, dans le journal local, une photo de Jésus en compagnie de la Samaritaine aux cinq maris, de la femme accusée d’adultère ou de la femme pécheresse versant du parfum sur ses pieds. Les sordides déclarations de lifesitenews jouent ce jeu, et le sanhédrin, encore aujourd’hui, baisse les bras. Je ne comprends pas que l’on puisse, comme évêque, s’associer ainsi à des gens qui ont des propos si haineux, si peu nuancés et si contraire à l’Évangile.
Ce sont les cris des plus fragiles, des plus menacés, qu'il faut entendre en ce temps de Carême de partage. Pas les slogans de folie des pharisiens bien-pensant. Surtout que des confrères évêques ont confirmé la valeur de la mission que les Jésuites soutiennent au milieu des plus pauvres du Mexique. Vous avez choisi votre camp. Retirer sa confiance est un geste grave et plein de con-séquences qu’on ne peut faire pour les mauvaises raisons surtout si c’est pour la cause de la vie.
De quoi avez-vous peur? N’êtes vous pas inspiré de la passion pour la vie qui a toujours animé Jésus-Christ, lui qui a donné sa vie pour le salut du monde? Qu’est-ce qui nous fera tenir debout à lecture de la Passion du vendredi saint, si nous ne sommes pas à côté de ceux qui luttent pour la dignité de la vie humaine? Si nous sommes véritablement pro-vie, alors nous sommes engagés à accompagner la vie partout où elle est indignement traitée. Cette vie qu’on tient à mener à terme, il faut être là pour la protéger là où elle est menacée et non pas se laisser leurrer par une campagne de désinformation malveillante qui tente de déplacer les enjeux de notre lutte. Un père prodigue sait, à la face des bien-pensants, prendre la défense de ses enfants en péril. S’opposer férocement à l'avortement ne suffit pas: il faut être prêt à défendre cette vie jusqu’au bout.
Qui ira porter votre message de non-recevoir, une lettre porteuse de mort, au Centre pour la défense des droits humains - le PRODH - au Mexique? Qui ira leur dire que leur lutte pour la vie, finalement, a peu de prix à vos yeux? Ce ne sera pas nous car nous n’avons jamais pris cette décision avec vous et nous ne l’endossons pas. Si vous avez été à l’aise d’écrire cette lettre entre les murs de votre bureau, pouvez-vous l’être en la livrant vous-mêmes, en essayant de « passer au milieu d’eux en faisant le bien ». Avez-vous bien mesuré le prix de cet abandon ? Il fait penser à celui des pères qui abandonnent leurs rejetons dès qu'ils découvrent le poids de leurs obligations à long terme. Protéger la vie de ceux qui vont venir ne suffit pas. Il faut aussi être fidèle à ceux et celles qui sont déjà là.
J’ai honte de cette désaffectation ecclésiale. N’est-ce pas, en quelque sorte, l’avortement d’un projet de vie juste et digne ? Et où se situe vraiment l’avortement, seulement avant la naissance ? Tout parent prodigue sait bien que donner la vie, c’est une alliance pour la vie : c’est-à-dire tout au long de la vie, une fidélité, un engagement à être là quand elle sera injustement traînée dans la boue. Et où commence l’euthanasie ? Dès qu'on laisse les gens dans une telle indigence que le processus de mort est enclenché. Dès qu'on leur enlève la dignité et la possibilité de gagner leur vie. On a confiance de pouvoir donner la vie quand on sait qu’on pourra, avec l’aide de notre entourage, protéger cette vie. Jamais les menaces, les dénonciations ni les condamnations n’auront ce pouvoir.
Oh oui, je suis profondément indignée et je ne veux pas me résigner. Je suis membre de Développement et Paix; je cherche la vérité et pour moi, elle ne peut jamais être du côté de la haine, du mépris et de l’abandon.
Françoise Lagacé J’endosse entièrement
les propos de mon épouse
Gilles Lagacé
Le Forum André Naud et l'Interdiction de rencontrer le Père Arriaga
Mgr Prendergast
Vous avez décidé d'empêcher le Père Luis Arriaga, s,j. de venir discuter avec des laïcs et des prêtres de votre diocèse dans le cadre de la campagne de Carême de Développement et Paix. Cette décision nous interpelle au point où nous devons vous exprimer notre désaccord et partager nos inquiétudes avec vos confrères évêques et les personnes touchées par votre décision.
Nous sommes tous des membres du Forum André Naud, un regroupement de prêtres et de laïcs engagés en pastorale qui désirent maintenir un dialogue ouvert à l'intérieur de l'église, en prenant pour inspiration le travail d'André Naud théologien et ancien directeur du Grand Séminaire de Montréal. De plus, nous soutenons tous la mission de Développement et Paix.
Votre décision, qui semble avoir été provoquée par l'intervention d'un mouvement anti-avortement comme celui qui publie "Lifesitenews", nous interpelle pour quatre raisons principales.
1. Parce qu'elle va à l'encontre de l'esprit de dialogue et de la fraternité caractéristique de l'Église. Le père Arriaga devait rencontrer des prêtres, des baptisés adultes engagés dans leur communauté et capables de jugement. Notre rôle n'est pas limité à fournir de l'argent. Le père Arriaga a été invité aux frais des donateurs canadiens pour qu'on puisse dialoguer franchement avec lui sur ce qui se passe dans les milieux appauvris où il travaille. Nous avons suffisamment du jugement pour pouvoir le questionner sur les zones difficiles de ses œuvres et en discerner les risques et les bienfaits.
2. Parce qu'elle va à l'encontre de la collégialité épiscopale. Une commission d'évêques a déjà enquêté sur les allégations de groupes anti-avortements et conclu que le travail le PRODH au Mexique était conforme à la mission évangélique. Si de nouvelles allégations sont faites, il faut d'abord retourner à ce comité avant de condamner, surtout que les groupes en question sont connus pour avoir des positions calomnieuses, et cela à la face même des sites internet qu'ils publient.
3. Parce que notre expérience même de la mission nous a fait comprendre qu'on ne peut être missionnaire sans prendre le risque de nous retrouver dans des situations délicates. La plupart des membres de notre Forum ont de l'expérience missionnaire sur le terrain, ici où en pays en développement. Faire œuvre missionnaire c'est non seulement aller rencontrer chez eux des divorcés, des homosexuels, des femmes qui ont subi des avortements et des estropiés de la vie mais c'est aussi se retrouver dans la même marge de la société et de l'Église que d'autres gens qui s'y retrouvent et qui ont des pratiques que nous désapprouvons. On ne peut pas combattre les incendies si on refuse de se retrouver là où il y a des risques d'explosion. Interdire au Père Arriaga de nous parler c'est interdire à Jésus de venir dans nos paroisses parce qu'on l'a surpris à côtoyer une femme adultère, une Samaritaine ou une prostituée.
4, Parce que votre décision semble se détourner des enjeux de Développement et Paix pour servir une cause personnelle. Votre message du 1e avril conclut: "Mgr Prendergast veut faire en sorte que rien ne puisse diminuer la cause de la vie dans l'archidiocèse […] Cette année, Mgr Prendergast sera encore une fois à l'avant garde des activités pro-vie le 12 mai prochain". Ainsi, la préoccupation pour les appauvris du Sud fait place à la préoccupation d'un archidiocèse du Nord de protéger sa réputation plus blanche que blanche lors de ses activités pro-vie. Si telle est la préoccupation de nos leaders spirituels, vers qui allons-nous nous tourner, au cours de la Semaine Sainte, pour retrouver le sens de la mort du Christ?
Vous désirez sans doute que nous comprenions votre décision. Notre Forum veut justement garder ouvert le dialogue beaucoup trop chétif qui survit dans notre église contemporaine. Pour cela, il nous fallait d'abord, en toute sincérité, vous faire part de nos préoccupations les plus profondes.
Veuillez croire, monseigneur Prendergast, en notre engagement sincère à la mission du Christ mort et ressuscité.
Gérard Beaulieu,
Jean-Guy Gagnon,
Michel Lacroix,
Françoise Lagacé,
Gilles Lagacé,
Pauline Leduc,
René Mailloux
au nom du Forum André Naud de l'Outaouais
04/11/11
Vous avez décidé d'empêcher le Père Luis Arriaga, s,j. de venir discuter avec des laïcs et des prêtres de votre diocèse dans le cadre de la campagne de Carême de Développement et Paix. Cette décision nous interpelle au point où nous devons vous exprimer notre désaccord et partager nos inquiétudes avec vos confrères évêques et les personnes touchées par votre décision.
Nous sommes tous des membres du Forum André Naud, un regroupement de prêtres et de laïcs engagés en pastorale qui désirent maintenir un dialogue ouvert à l'intérieur de l'église, en prenant pour inspiration le travail d'André Naud théologien et ancien directeur du Grand Séminaire de Montréal. De plus, nous soutenons tous la mission de Développement et Paix.
Votre décision, qui semble avoir été provoquée par l'intervention d'un mouvement anti-avortement comme celui qui publie "Lifesitenews", nous interpelle pour quatre raisons principales.
1. Parce qu'elle va à l'encontre de l'esprit de dialogue et de la fraternité caractéristique de l'Église. Le père Arriaga devait rencontrer des prêtres, des baptisés adultes engagés dans leur communauté et capables de jugement. Notre rôle n'est pas limité à fournir de l'argent. Le père Arriaga a été invité aux frais des donateurs canadiens pour qu'on puisse dialoguer franchement avec lui sur ce qui se passe dans les milieux appauvris où il travaille. Nous avons suffisamment du jugement pour pouvoir le questionner sur les zones difficiles de ses œuvres et en discerner les risques et les bienfaits.
2. Parce qu'elle va à l'encontre de la collégialité épiscopale. Une commission d'évêques a déjà enquêté sur les allégations de groupes anti-avortements et conclu que le travail le PRODH au Mexique était conforme à la mission évangélique. Si de nouvelles allégations sont faites, il faut d'abord retourner à ce comité avant de condamner, surtout que les groupes en question sont connus pour avoir des positions calomnieuses, et cela à la face même des sites internet qu'ils publient.
3. Parce que notre expérience même de la mission nous a fait comprendre qu'on ne peut être missionnaire sans prendre le risque de nous retrouver dans des situations délicates. La plupart des membres de notre Forum ont de l'expérience missionnaire sur le terrain, ici où en pays en développement. Faire œuvre missionnaire c'est non seulement aller rencontrer chez eux des divorcés, des homosexuels, des femmes qui ont subi des avortements et des estropiés de la vie mais c'est aussi se retrouver dans la même marge de la société et de l'Église que d'autres gens qui s'y retrouvent et qui ont des pratiques que nous désapprouvons. On ne peut pas combattre les incendies si on refuse de se retrouver là où il y a des risques d'explosion. Interdire au Père Arriaga de nous parler c'est interdire à Jésus de venir dans nos paroisses parce qu'on l'a surpris à côtoyer une femme adultère, une Samaritaine ou une prostituée.
4, Parce que votre décision semble se détourner des enjeux de Développement et Paix pour servir une cause personnelle. Votre message du 1e avril conclut: "Mgr Prendergast veut faire en sorte que rien ne puisse diminuer la cause de la vie dans l'archidiocèse […] Cette année, Mgr Prendergast sera encore une fois à l'avant garde des activités pro-vie le 12 mai prochain". Ainsi, la préoccupation pour les appauvris du Sud fait place à la préoccupation d'un archidiocèse du Nord de protéger sa réputation plus blanche que blanche lors de ses activités pro-vie. Si telle est la préoccupation de nos leaders spirituels, vers qui allons-nous nous tourner, au cours de la Semaine Sainte, pour retrouver le sens de la mort du Christ?
Vous désirez sans doute que nous comprenions votre décision. Notre Forum veut justement garder ouvert le dialogue beaucoup trop chétif qui survit dans notre église contemporaine. Pour cela, il nous fallait d'abord, en toute sincérité, vous faire part de nos préoccupations les plus profondes.
Veuillez croire, monseigneur Prendergast, en notre engagement sincère à la mission du Christ mort et ressuscité.
Gérard Beaulieu,
Jean-Guy Gagnon,
Michel Lacroix,
Françoise Lagacé,
Gilles Lagacé,
Pauline Leduc,
René Mailloux
au nom du Forum André Naud de l'Outaouais
04/11/11
Contestation au sein de Développement et Paix
Contestation au sein de Développement et Paix
Gwenaëlle Reyt 20 mai 2011 Actualités en société
Des membres de l'organisme créé par l'épiscopat canadien pour financer des projets dans le tiers-monde craignent pour les peuples du Sud.
Dans une lettre publiée aujourd'hui en page Idées, quatre membres actifs de Développement et Paix (DP) s'inquiètent de l'influence grandissante sur leur organisme de groupes qu'ils qualifient de catholiques «extrêmes». Ces membres dénoncent la décision de DP d'obliger chaque partenaire du Sud à obtenir une lettre de soutien d'un évêque local pour recevoir de l'aide financière. «Nous voulons informer le public de la situation et des conséquences qu'elle peut avoir sur les gens du Sud, assure Normand Breault, cosignataire du texte. Tout le dossier de la santé reproductive des femmes est litigieux par rapport à un certain épiscopat. Avec la pression de la droite sur les évêques qui ont déjà tendance à absolutiser la vie avant la vie, ça pose problème quand on parle d'épanouissement des femmes.»
Hormis ce dossier, l'homme qui est actif depuis plus de 30 ans à DP note également que le catholicisme n'est pas présent partout et que l'accès à un évêque n'est pas toujours possible. Il rappelle aussi que, malgré un financement issu en grande partie des fidèles, l'organisme n'est pas une entreprise missionnaire et que certains tendent à l'oublier.
Chez DP, rien ne semble pourtant définitif. «Nous sommes en discussion avec le comité permanent qui a été mis sur pied par la conférence des évêques, explique la directrice générale adjointe, Josianne Gauthier, qui précise que cette instance a été nouvellement fondée. Nous allons discuter de ces enjeux qui pourraient avoir un impact sur l'avenir de notre travail dans le Sud.» Selon elle, la requête d'obtenir le soutien d'un évêque vient de la conférence des évêques, qui souhaite un rapprochement avec l'Église dans les pays du Sud. «L'enjeu est d'un côté que le financement provenant de catholiques ne soit pas utilisé à des fins qui heurtent leurs valeurs. De l'autre côté, il y a une préoccupation sur le trop grand contrôle de ce qui pourrait être de l'aide au développement. Le débat doit se tenir.» Le comité devrait se réunir pour la première fois au mois de juin.
Gwenaëlle Reyt 20 mai 2011 Actualités en société
Des membres de l'organisme créé par l'épiscopat canadien pour financer des projets dans le tiers-monde craignent pour les peuples du Sud.
Dans une lettre publiée aujourd'hui en page Idées, quatre membres actifs de Développement et Paix (DP) s'inquiètent de l'influence grandissante sur leur organisme de groupes qu'ils qualifient de catholiques «extrêmes». Ces membres dénoncent la décision de DP d'obliger chaque partenaire du Sud à obtenir une lettre de soutien d'un évêque local pour recevoir de l'aide financière. «Nous voulons informer le public de la situation et des conséquences qu'elle peut avoir sur les gens du Sud, assure Normand Breault, cosignataire du texte. Tout le dossier de la santé reproductive des femmes est litigieux par rapport à un certain épiscopat. Avec la pression de la droite sur les évêques qui ont déjà tendance à absolutiser la vie avant la vie, ça pose problème quand on parle d'épanouissement des femmes.»
Hormis ce dossier, l'homme qui est actif depuis plus de 30 ans à DP note également que le catholicisme n'est pas présent partout et que l'accès à un évêque n'est pas toujours possible. Il rappelle aussi que, malgré un financement issu en grande partie des fidèles, l'organisme n'est pas une entreprise missionnaire et que certains tendent à l'oublier.
Chez DP, rien ne semble pourtant définitif. «Nous sommes en discussion avec le comité permanent qui a été mis sur pied par la conférence des évêques, explique la directrice générale adjointe, Josianne Gauthier, qui précise que cette instance a été nouvellement fondée. Nous allons discuter de ces enjeux qui pourraient avoir un impact sur l'avenir de notre travail dans le Sud.» Selon elle, la requête d'obtenir le soutien d'un évêque vient de la conférence des évêques, qui souhaite un rapprochement avec l'Église dans les pays du Sud. «L'enjeu est d'un côté que le financement provenant de catholiques ne soit pas utilisé à des fins qui heurtent leurs valeurs. De l'autre côté, il y a une préoccupation sur le trop grand contrôle de ce qui pourrait être de l'aide au développement. Le débat doit se tenir.» Le comité devrait se réunir pour la première fois au mois de juin.
Développement et Paix - Le Sud perdra-t-il un allié au Nord?
Développement et Paix - Le Sud perdra-t-il un allié au Nord?
vendredi 27 mai 2011, Le Devoir
Constance Vaudrin, Lucille Plourde, Gérard Laverdure, Normand Breault - Membres de Développement et Paix 20 mai 2011 Canada
Nous, membres de Développement et Paix, sommes peinés par la crise qui secoue notre organisme, crise d'abord provoquée par les attaques intempestives de groupes catholiques qui se prétendent les real catholics, mais qui nous apparaissent plutôt quelque peu sectaires.
Nous regrettons — nous ne sommes pas seuls — qu'un certain nombre d'évêques prêtent une oreille trop attentive à ces groupes, tout en demeurant trop sourds aux appels à la solidarité lancés par les groupes partenaires de DP, engagés de toutes leurs forces dans la lutte contre les structures d'injustice et d'oppression affligeant plusieurs peuples du Sud.
Nous craignons fort pour ces peuples du Sud. En effet, pour tenter de satisfaire ces extrémistes, Développement et Paix décide d'obliger chaque partenaire à obtenir une lettre d'appui de l'évêque local pour pouvoir recevoir l'aide financière. On risque ainsi de priver certains partenaires d'un appui financier nécessaire.
Rappel aux évêques
Nous savons pourtant à quel point ces partenaires font un travail exemplaire pour ces peuples chez qui, très souvent encore, les droits de la personne sont bafoués, les femmes sont victimes de violences et d'injustice, les citoyens et les citoyennes ne peuvent s'exprimer librement. Et plusieurs partenaires oeuvrent dans des pays où l'Église catholique est fort minoritaire, ou encore sont des mouvements populaires laïques sans lien structurel avec cette même Église.
Nous voulons rappeler aux évêques d'ici, ainsi qu'aux autorités politiques et administratives de DP, l'existence des «structures de péché» selon la belle expression de Jean-Paul II. Pour ce pape, en effet, les gestes individuels ne peuvent pas être évalués isolément, en faisant abstraction du contexte social, local et mondial, dans lequel nous vivons.
Conseiller sans intrusion
Nous désirons que le comité épiscopal permanent, tout récemment institué, chargé des relations avec DP, joue à plein son rôle de conseiller, mais s'abstienne de toute intrusion dans la gestion interne de ce dernier, qui doit pouvoir jouir d'une autonomie entière et retrouver son fonctionnement démocratique, mis à mal ces derniers temps.
Nous rappelons enfin que, depuis Vatican II, la collaboration de catholiques avec des personnes ou groupes ne partageant pas toutes leurs valeurs est possible et souhaitable dans le cadre de cette ouverture de l'Église en fidélité à ce texte fondamental où il est affirmé: «Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n'est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur coeur.»
***
Constance Vaudrin, Lucille Plourde, Gérard Laverdure, Normand Breault - Membres de Développement et Paix
vendredi 27 mai 2011, Le Devoir
Constance Vaudrin, Lucille Plourde, Gérard Laverdure, Normand Breault - Membres de Développement et Paix 20 mai 2011 Canada
Nous, membres de Développement et Paix, sommes peinés par la crise qui secoue notre organisme, crise d'abord provoquée par les attaques intempestives de groupes catholiques qui se prétendent les real catholics, mais qui nous apparaissent plutôt quelque peu sectaires.
Nous regrettons — nous ne sommes pas seuls — qu'un certain nombre d'évêques prêtent une oreille trop attentive à ces groupes, tout en demeurant trop sourds aux appels à la solidarité lancés par les groupes partenaires de DP, engagés de toutes leurs forces dans la lutte contre les structures d'injustice et d'oppression affligeant plusieurs peuples du Sud.
Nous craignons fort pour ces peuples du Sud. En effet, pour tenter de satisfaire ces extrémistes, Développement et Paix décide d'obliger chaque partenaire à obtenir une lettre d'appui de l'évêque local pour pouvoir recevoir l'aide financière. On risque ainsi de priver certains partenaires d'un appui financier nécessaire.
Rappel aux évêques
Nous savons pourtant à quel point ces partenaires font un travail exemplaire pour ces peuples chez qui, très souvent encore, les droits de la personne sont bafoués, les femmes sont victimes de violences et d'injustice, les citoyens et les citoyennes ne peuvent s'exprimer librement. Et plusieurs partenaires oeuvrent dans des pays où l'Église catholique est fort minoritaire, ou encore sont des mouvements populaires laïques sans lien structurel avec cette même Église.
Nous voulons rappeler aux évêques d'ici, ainsi qu'aux autorités politiques et administratives de DP, l'existence des «structures de péché» selon la belle expression de Jean-Paul II. Pour ce pape, en effet, les gestes individuels ne peuvent pas être évalués isolément, en faisant abstraction du contexte social, local et mondial, dans lequel nous vivons.
Conseiller sans intrusion
Nous désirons que le comité épiscopal permanent, tout récemment institué, chargé des relations avec DP, joue à plein son rôle de conseiller, mais s'abstienne de toute intrusion dans la gestion interne de ce dernier, qui doit pouvoir jouir d'une autonomie entière et retrouver son fonctionnement démocratique, mis à mal ces derniers temps.
Nous rappelons enfin que, depuis Vatican II, la collaboration de catholiques avec des personnes ou groupes ne partageant pas toutes leurs valeurs est possible et souhaitable dans le cadre de cette ouverture de l'Église en fidélité à ce texte fondamental où il est affirmé: «Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n'est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur coeur.»
***
Constance Vaudrin, Lucille Plourde, Gérard Laverdure, Normand Breault - Membres de Développement et Paix
Lettre d'appui à Développement et Paix
Managua, le 22 mai 2011
Mgr Pierre Morissette,
Président de la CECC
Bonjour Monseigneur,
Depuis le lointain Nicaragua, où je continue d’œuvrer en solidarité avec les populations pauvres, j’ai appris les accusations et la situation adverse que vit présentement Développement et Paix, organisme au sein duquel j’ai travaillé durant presque 30 ans, jusqu’en 2007.
D’ailleurs, vous vous rappellerez certainement de moi, et d’une fameuse délégation d’observation électorale au Mexique, en 1994, à laquelle vous avez vous-même participé, avec une dizaine d’autres personnes de Développement et Paix. J’aime me rappeler que cette délégation d’appui à l’organisation populaire mexicaine d’observation électorale, a contribué à ramener un gouvernement démocratique au Mexique, et à détrôner un parti qui s’était maintenu durant 71 ans au pouvoir par la coaction, la violence et la fraude. La même année, un membre de la CECC, Mgr François Thibodeau, s’était rendu au Chiapas avec une autre délégation, pour appuyer Mgr Samuel Ruiz (RIP), le médiateur des négociations de paix.
Ce ne sont là que deux des multiples actions et témoignages apportés au monde par les Évêques et l’Église catholique canadienne, par l’entremise de Développement et Paix. Des millions de personnes dans le monde, en Asie, en Afrique et en Amérique latine, reconnaissent l’appui désintéressé de notre Église en faveur du développement, de la justice sociale, de la démocratie et de la paix. Durant plus de 40 ans, cette organisation a réellement mis en pratique les enseignements de l’Encyclique Populorum Progressio, pour laquelle « le développement est le nouveau nom de la paix »
Durant toutes ces années, j’étais particulièrement fière de l’ouverture de notre Église, qui contrairement à d’autres dénominations religieuses, n’hésitait pas à venir en aide à tous nos frères et sœurs des pays du Sud, quels que soient leur race ou leur credo. J’ai été consternée d’apprendre que les partenaires de Développement et Paix doivent maintenant aller chercher l’appui de l’évêque de leur diocèse pour recevoir de l’aide. Cette directive me semble aller à l’encontre de la mission originale de Développement et Paix, telle que pensée par la Conférence des Évêques en 1967.
Je suis encore plus consternée, il va sans dire, par les attaques de groupes d’idéologie conservatrice qui prétendent être « les vrais catholiques », et se permettent de remettre en question l’intégrité et l’autorité morale de nos Évêques. Ces groupes n’ont cessé de s’attaquer vicieusement depuis des années à Développement et Paix, ce qui a des conséquences désastreuses pour les personnes et les groupes qui, dans les pays du Sud, bénéficient d’un soutien qui leur est essentiel.
Cette situation suscite mon indignation. Elle met en péril l’action d’une organisation que je considère être un des fleurons de l’Église catholique canadienne. Mgr Morissette, je vous demande d’appuyer fermement Développement et Paix dans ses orientations originales et ses actions de partenariat solidaire qui ont fait leurs preuves depuis plus de 40 ans.
Avec mes plus respectueuses et cordiales salutations,
Marthe Lapierre
Directrice de PROGA-Jeunes (programme bilatéral canadien)
SUCO Nicaragua
Mgr Pierre Morissette,
Président de la CECC
Bonjour Monseigneur,
Depuis le lointain Nicaragua, où je continue d’œuvrer en solidarité avec les populations pauvres, j’ai appris les accusations et la situation adverse que vit présentement Développement et Paix, organisme au sein duquel j’ai travaillé durant presque 30 ans, jusqu’en 2007.
D’ailleurs, vous vous rappellerez certainement de moi, et d’une fameuse délégation d’observation électorale au Mexique, en 1994, à laquelle vous avez vous-même participé, avec une dizaine d’autres personnes de Développement et Paix. J’aime me rappeler que cette délégation d’appui à l’organisation populaire mexicaine d’observation électorale, a contribué à ramener un gouvernement démocratique au Mexique, et à détrôner un parti qui s’était maintenu durant 71 ans au pouvoir par la coaction, la violence et la fraude. La même année, un membre de la CECC, Mgr François Thibodeau, s’était rendu au Chiapas avec une autre délégation, pour appuyer Mgr Samuel Ruiz (RIP), le médiateur des négociations de paix.
Ce ne sont là que deux des multiples actions et témoignages apportés au monde par les Évêques et l’Église catholique canadienne, par l’entremise de Développement et Paix. Des millions de personnes dans le monde, en Asie, en Afrique et en Amérique latine, reconnaissent l’appui désintéressé de notre Église en faveur du développement, de la justice sociale, de la démocratie et de la paix. Durant plus de 40 ans, cette organisation a réellement mis en pratique les enseignements de l’Encyclique Populorum Progressio, pour laquelle « le développement est le nouveau nom de la paix »
Durant toutes ces années, j’étais particulièrement fière de l’ouverture de notre Église, qui contrairement à d’autres dénominations religieuses, n’hésitait pas à venir en aide à tous nos frères et sœurs des pays du Sud, quels que soient leur race ou leur credo. J’ai été consternée d’apprendre que les partenaires de Développement et Paix doivent maintenant aller chercher l’appui de l’évêque de leur diocèse pour recevoir de l’aide. Cette directive me semble aller à l’encontre de la mission originale de Développement et Paix, telle que pensée par la Conférence des Évêques en 1967.
Je suis encore plus consternée, il va sans dire, par les attaques de groupes d’idéologie conservatrice qui prétendent être « les vrais catholiques », et se permettent de remettre en question l’intégrité et l’autorité morale de nos Évêques. Ces groupes n’ont cessé de s’attaquer vicieusement depuis des années à Développement et Paix, ce qui a des conséquences désastreuses pour les personnes et les groupes qui, dans les pays du Sud, bénéficient d’un soutien qui leur est essentiel.
Cette situation suscite mon indignation. Elle met en péril l’action d’une organisation que je considère être un des fleurons de l’Église catholique canadienne. Mgr Morissette, je vous demande d’appuyer fermement Développement et Paix dans ses orientations originales et ses actions de partenariat solidaire qui ont fait leurs preuves depuis plus de 40 ans.
Avec mes plus respectueuses et cordiales salutations,
Marthe Lapierre
Directrice de PROGA-Jeunes (programme bilatéral canadien)
SUCO Nicaragua
Subscribe to:
Posts (Atom)