Managua, le 22 mai 2011
Mgr Pierre Morissette,
Président de la CECC
Bonjour Monseigneur,
Depuis le lointain Nicaragua, où je continue d’œuvrer en solidarité avec les populations pauvres, j’ai appris les accusations et la situation adverse que vit présentement Développement et Paix, organisme au sein duquel j’ai travaillé durant presque 30 ans, jusqu’en 2007.
D’ailleurs, vous vous rappellerez certainement de moi, et d’une fameuse délégation d’observation électorale au Mexique, en 1994, à laquelle vous avez vous-même participé, avec une dizaine d’autres personnes de Développement et Paix. J’aime me rappeler que cette délégation d’appui à l’organisation populaire mexicaine d’observation électorale, a contribué à ramener un gouvernement démocratique au Mexique, et à détrôner un parti qui s’était maintenu durant 71 ans au pouvoir par la coaction, la violence et la fraude. La même année, un membre de la CECC, Mgr François Thibodeau, s’était rendu au Chiapas avec une autre délégation, pour appuyer Mgr Samuel Ruiz (RIP), le médiateur des négociations de paix.
Ce ne sont là que deux des multiples actions et témoignages apportés au monde par les Évêques et l’Église catholique canadienne, par l’entremise de Développement et Paix. Des millions de personnes dans le monde, en Asie, en Afrique et en Amérique latine, reconnaissent l’appui désintéressé de notre Église en faveur du développement, de la justice sociale, de la démocratie et de la paix. Durant plus de 40 ans, cette organisation a réellement mis en pratique les enseignements de l’Encyclique Populorum Progressio, pour laquelle « le développement est le nouveau nom de la paix »
Durant toutes ces années, j’étais particulièrement fière de l’ouverture de notre Église, qui contrairement à d’autres dénominations religieuses, n’hésitait pas à venir en aide à tous nos frères et sœurs des pays du Sud, quels que soient leur race ou leur credo. J’ai été consternée d’apprendre que les partenaires de Développement et Paix doivent maintenant aller chercher l’appui de l’évêque de leur diocèse pour recevoir de l’aide. Cette directive me semble aller à l’encontre de la mission originale de Développement et Paix, telle que pensée par la Conférence des Évêques en 1967.
Je suis encore plus consternée, il va sans dire, par les attaques de groupes d’idéologie conservatrice qui prétendent être « les vrais catholiques », et se permettent de remettre en question l’intégrité et l’autorité morale de nos Évêques. Ces groupes n’ont cessé de s’attaquer vicieusement depuis des années à Développement et Paix, ce qui a des conséquences désastreuses pour les personnes et les groupes qui, dans les pays du Sud, bénéficient d’un soutien qui leur est essentiel.
Cette situation suscite mon indignation. Elle met en péril l’action d’une organisation que je considère être un des fleurons de l’Église catholique canadienne. Mgr Morissette, je vous demande d’appuyer fermement Développement et Paix dans ses orientations originales et ses actions de partenariat solidaire qui ont fait leurs preuves depuis plus de 40 ans.
Avec mes plus respectueuses et cordiales salutations,
Marthe Lapierre
Directrice de PROGA-Jeunes (programme bilatéral canadien)
SUCO Nicaragua
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